Dans une Afrique de l’Ouest en pleine effervescence démocratique, le Togo fait figure de lanterne rouge. Sous le règne de Faure Gnassingbé, le pays s’enfonce dans un autoritarisme anachronique, faisant figure de véritable fossile politique dans la région.

L’agression d’un député sénégalais en mission officielle à Lomé, le 29 septembre dernier, cristallise l’indignation. Ce scandale, loin d’être isolé, s’inscrit dans un schéma de répression systématique : 93 prisonniers politiques croupissent dans les geôles togolaises, tandis que les manifestations pacifiques sont brutalement réprimées.

Face à cette dérive, une coalition panafricaine de 47 personnalités influentes, issues tant des pays de la CEDEAO que de l’Alliance des États du Sahel (AES), tire la sonnette d’alarme. Leur tribune au vitriol dénonce un pouvoir qui bafoue les libertés fondamentales et s’accroche au trône depuis 57 ans.

Stop à la violence d’État au Togo

Les signataires de cette tribune expriment leur profonde indignation et condamnent fermement la violence d’État qui sévit au Togo. Ils enjoignent les autorités togolaises à restaurer l’État de droit et à respecter les droits humains fondamentaux. Ils exigent que les libertés publiques puissent pleinement s’exercer sur l’ensemble du territoire togolais.

Le dernier incident en date concerne le député sénégalais Guy Marius Sagna, représentant du Sénégal au Parlement de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). En déplacement à Lomé, la capitale togolaise, dans le cadre d’une session délocalisée du Parlement de la CEDEAO, il a été violemment pris pour cible, tout comme plusieurs députés togolais, des journalistes, et des citoyens ordinaires. Les blessures qu’il a subies ont nécessité des soins médicaux, notamment des points de suture dans une clinique locale.

Cet acte de violence s’est produit le dimanche 29 septembre 2024, lors d’une rencontre citoyenne organisée à l’initiative de la Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP), un regroupement de partis politiques et d’organisations de la société civile, au cours de laquelle Guy Marius Sagna devait échanger avec des citoyens togolais. Alors que la réunion commençait à peine, des individus non masqués ont méthodiquement attaqué les participants et vandalisé les lieux, sous le regard indifférent des forces de l’ordre présentes sur place.

Ce nouvel épisode s’inscrit dans une série d’atteintes récurrentes aux droits humains fondamentaux au Togo. Ces violations se traduisent par une interdiction quasi systématique des manifestations publiques pacifiques organisées par la société civile et les partis d’opposition. Le dernier exemple en date est l’interdiction d’une journée de prière et de solidarité en soutien aux familles des détenus politiques, initiative du mouvement « Touche Pas À Ma Constitution », un front regroupant des organisations de la société civile. Cette organisation, qui recense actuellement 93 prisonniers politiques, avait prévu, le 20 septembre dernier à Sokodé, de distribuer des kits scolaires aux enfants des détenus dans le cadre d’une campagne de sensibilisation pour leur libération. De la même façon, les meetings de l’organisation de la société civile Novation International sont frappés d’interdiction.

La situation politique au Togo s’est considérablement détériorée depuis la modification unilatérale de la Constitution par le régime en place, sans consultation du peuple. La nouvelle Constitution permet à Faure Gnassingbé de se maintenir au pouvoir indéfiniment, sans se soumettre à des élections, tout en concentrant les principaux pouvoirs de l’État dans sa fonction de président du Conseil des ministres. Faure Gnassingbé est arrivé au pouvoir en 2005, à la suite du décès de son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui a dirigé le Togo d’une main de fer pendant 38 ans.

Depuis 19 ans, Faure Gnassingbé continue de se maintenir à la tête du pays en modifiant régulièrement la Constitution, en organisant de présumées élections, systématiquement contestées par l’opposition et la société civile, et en usant de la violence pour faire taire toute voix dissidente.

La violence doit sortir du Togo, elle doit disparaître de l’espace CEDEAO. Les signataires attendent des autorités togolaises qu’elles restaurent l’État de droit et qu’elles respectent les droits humains fondamentaux, afin que chaque citoyen puisse jouir pleinement des libertés publiques.

Les 47 Signataires :
Guy Marius Sagna, Dialo Diop, Madieye Mbodj, Alioune Tine, Seydi Gassama, Alfred Bulakali, Yéya Birane Wane, Alassane Seck, Nathaniel Olympio, Jean Kissi, Célestin Agbogan, Atcholi Kao, Gnimdéwa Atakpama, Nicodème Habia, Sambiri Targone, Gérard Adja, Félix Atchadè, Kofi Yamgnane, Jean Sylvanus Olympio, Raymond Ayivi, Soter-Caïus Dovi, Issoufou Moussa, Pierre S. Adjété, Yao Paul Assogba, Isidore Wasungu, Yaya Nuru Ubangiji, Clément Klustsé, Joël Viana, Ramatou De la croix, Aboubakar Ganiou, Geneviève Goëtzinger, Ferdinand Ayité, Raphaël Kpandé-Adzaré, Isidore Kouwonou, Maxime Domegni, Patrick Degbevi, Alain Anifrani, David Dosseh, Tétévi Norbert Gbikpi-Bénissan, Ussumane Camara, Tamilton, Teixeira, Biram Dah Abeid, Moussa Tchangari, Yoporeka Somet, Cheikh Hamala B. Diop, Philippe Amedodji, Hamidou Magasa.