L’état de santé de Karrou Wawim, détenu sans procès depuis son arrestation en décembre 2018 à Lomé, suscite de vives inquiétudes au Togo. L’homme a été arrêté durant la période de manifestations organisées par la Coalition des 14 pour contester les élections législatives de 2018.
Cela fait désormais près de six ans que cet homme d’une quarantaine d’années est en détention préventive, comme 13 autres individus interpellés dans des circonstances similaires, selon l’Association des victimes de la torture au Togo (Asvitto). Deux d’entre eux ont été libérés en début d’année, mais la situation de Karrou Wawim reste préoccupante.
Karrou Wawim a été arrêté devant une pharmacie à Lomé le 21 décembre 2018. Il affirme avoir subi des violences, notamment des coups de crosse, suivis d’autres maltraitances en détention. Aujourd’hui, son état de santé, selon sa famille, s’est sérieusement dégradé, comme l’indique Atcholi Kao, président de l’Asvitto: « Il manifeste un amaigrissement général et il a le ventre qui est gonflé, selon les témoignages de la famille, avec une grosse boule à la poitrine, et il a des difficultés respiratoires. Pour toutes ces personnes, ce sont les familles maintenant qui se débrouillent pour prendre en charge leurs proches. »
Depuis près de six ans, Karrou Wawim et plusieurs autres détenus arrêtés pendant les manifestations de l’opposition contre les élections législatives attendent toujours un procès.
Maître Raphael Kpandé Adzaré, avocat de nombreux détenus dans cette affaire, dénonce des accusations de troubles à l’ordre public et de tentative d’atteinte à la sûreté de l’État qui justifieraient leur longue détention préventive. « M. Karrou Wawim fait partie d’une kyrielle de personnes arrêtées dans le contexte de manifestations de la C14. Depuis, ils sont en détention préventive, ont subi des actes de torture, notamment les décharges électriques. Même si c’est le cas de Karrou Wawim qui affleure aujourd’hui, tous sont vraiment malades. Nous pensons que ce sont des détenus d’opinion », a-t-il indiqué.
Malgré une décision de la Cour de justice de la Cédéao, prononcée il y a un an, demandant la libération de 14 détenus parmi lesquels figure Karrou Wawim, les autorités togolaises n’ont pas encore donné suite, laissant les détenus dans une situation de santé critique et sans perspective de liberté.